Walter Burton Harris

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Walter Burton Harris

Biographie

Walter Burton Harris est né à Londres le 29 août 1866, deuxième fils d'un courtier maritime et d'assurance prospère, Frederick W. Harris. Parmi ses frères et sœurs, on compte Sir Austin Edward Harris, un banquier réputé, Frederick Leverton Harris, un député britannique, et le pianiste et compositeur Clement Harris, qui a été tué pendant la guerre gréco-turque de 1897. Il a fait ses études à Harrow School et (brièvement) à l'Université de Cambridge et avait déjà réussi à voyager autour du monde à l'âge de 18 ans.

En 1887, il accompagna une mission diplomatique britannique au Maroc et s'installa à Tanger à l'âge de 19 ans. Il fut brièvement marié à Lady Mary Savile, la fille du 4e comte de Mexborough de 1898 à 1906, mais le mariage fut annulé au motif de non-consommation. Il a vécu un mode de vie ouvertement homosexuel, tendant vers la pédophilie, par la suite, bien que ce fût peu gênant dans le milieu social de Tanger à l'époque. Il était riche de manière indépendante, vivant d'une allocation personnelle et d'une allocation du Times, et était un ambitieux qui s'associait à la royauté et aux politiciens de haut rang.
Harris parlait couramment le français, l'espagnol et l'arabe marocain, et il pouvait passer pour un Marocain de souche. Cela lui a permis de voyager sans être découvert à l'intérieur du Maroc, qui était à l'époque interdit aux étrangers, et ainsi de voir et de décrire des endroits où aucun Européen n'était allé. Au cours de ses voyages, il s'est déguisé en habitant du Rif, ressemblant (comme le dit le Times) à « un individu à l'air fanatique, avec la tête rasée, avec un étui à fusil rouge pour turban, portant un long mousquet indigène. »

Il a rapidement gagné le respect des Marocains pour ses exploits et s'est fait des amis improbables, comme le chef de montagne Raisuni qui a combattu à plusieurs reprises le gouvernement marocain (et plus tard les Espagnols) au cours des 25 premières années du XXe siècle. Harris a été capturé et brièvement emprisonné par Raisuni, retrouvant sa liberté via un échange de prisonniers, mais en est venu à établir une amitié avec le chef et a ensuite écrit avec admiration à son sujet. Il fut également le confident d'au moins trois sultans marocains et se fit construire une belle villa près de Tanger, qu'il appela Villa Harris.

Carrière de journaliste et engagement politique

Harris a commencé à écrire pour le Times en 1887 et est devenu correspondant permanent à partir de 1906, à une époque où le Maroc devenait un foyer de conflit entre les puissances européennes. Il avait des informations de première main concernant les conflits dynastiques et des faiblesses politiques qui ont abouti à ce que le Maroc devienne un protectorat de la France et de l'Espagne en 1912. Il a relaté les événements de cette période dans une série d'articles pour le Times, ainsi qu'en écrivant un certain nombre de des livres sur ses voyages au Maroc. Il a également voyagé plus loin, visitant l'Égypte, le Proche-Orient et l'Extrême-Orient. Il a été envoyé spécial au Yémen en 1892 et à Athènes en 1915, où il a provoqué une dispute entre le roi Constantin Ier de Grèce et Eleftherios Venizelos après avoir écrit des articles critiques de ce dernier pour le Times. Il a travaillé pour le renseignement de l'Amirauté pendant la dernière partie de la Première Guerre mondiale.

Il a joué un rôle actif dans les conflits internationaux au Maroc, utilisant son accès à des personnalités marocaines de haut rang pour influencer le cours des événements. La Grande-Bretagne a longtemps été le principal partenaire commercial du Maroc et Harris s'est d'abord opposé aux ambitions de la France de jouer un rôle plus important dans le pays. Il estimait que l'indépendance du Maroc devait être préservée et qu'il fallait aider le pays à se moderniser et à surmonter le désordre endémique qui le rongeait. Il a donc d'abord aidé à soutenir les Allemands, qui s'opposaient également à l'implication française au Maroc, jusqu'à ce qu'il soit chargé en 1905 par la rédactrice étrangère du Times, Valentine Chirol - qui était étroitement liée au Foreign Office britannique - qu'il était nécessaire de soutenir les Français. L'Entente cordiale, signée en 1904, attribuait clairement l'Égypte et le Maroc aux sphères d'influence de la Grande-Bretagne et de la France respectivement. Lors du coup d'État de Hafidiya, Harris a attaqué le Makhzen d'Abd al-Hafid dans The Times, auquel la France s'est également opposée.

Harris a par la suite atténué son hostilité envers la France, bien qu'il ait continué à faire pression pour que les efforts internationaux aident à la modernisation du Maroc. Il en est venu à admirer l'efficacité de l'administration du Maroc français et a été cinglant de la mauvaise administration du Maroc espagnol. Son rôle n'a pas toujours été utile au gouvernement britannique car il sapait périodiquement les efforts des diplomates britanniques au Maroc; certains le considéraient comme un allié utile et un intermédiaire, grâce à ses contacts étendus, tandis que d'autres le vilipendaient.

La France était reconnaissante des efforts de Harris et lui a décerné la Légion d'honneur et le titre de "Commandeur de l'Oiussam Alaouite du Maroc". Ses écrits de voyage lui ont également valu une bourse de la Royal Geographical Society. Il était loin d'être modeste quant à ses réalisations. Comme le dit l'éditeur d'une réédition de son livre « Morocco That Was », il aimait raconter des histoires, surtout sur lui-même, au point qu'il est difficile de distinguer la vérité de la légende. Il aimait faire la part belle à sa propre intelligence, sa ruse, sa bravoure, sa popularité et son importance. Harris voyageait vers l'est à travers la Méditerranée lorsqu'il a eu un accident vasculaire cérébral. Le navire sur lequel il voyageait fit escale à Malte et il fut transporté à l'hôpital King George V où il mourut le 4 avril 1933. Son corps fut ramené à Tanger et il y fut enterré à l'église Saint-André.

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