Claude Désiré Goubet

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Claude Désiré Goubet

Claude Goubet est né à Lyon en 1837. Diplômé de l'École nationale supérieure d'arts et métiers d’Angers, Goubet est un inventeur multiple. Il dépose de nombreux brevets dans le domaine de la mécanique. Ses travaux s'appliquent à des machines à imprimer, des machines à renvider, ou encore des systèmes d’embrayages. Il étudie en 1880, pour le compte de l’ingénieur russe Stefan Drzewiecki, un modèle de joint sphérique destiné à équiper un sous-marin. C’est le début d’une vocation. Dès 1881, il démarre l’étude de son propre sous-marin. Quatre ans plus tard, il dépose, le 26 octobre 1885, le brevet d’un appareil ovoïde long de 5,60 m, pouvant embarquer deux marins, propulsé par un moteur électrique et pourvu d’un système de stabilisation révolutionnaire ainsi que d’un régulateur d’immersion. Les plans sont présentés au Ministère de la Marine en 1886 qui est favorable au projet. En effet, le nouveau ministre de la marine, l’amiral Aube souhaite moderniser les forces navales françaises.

Par une lettre du 21 août 1886, Claude Goubet sollicite la passation d'un marché, qui est signé le 12 septembre, et prévoit la fourniture du sous-marin que Goubet fera construire à Paris par ses propres soins pour 40 000 francs. La date de livraison est fixée au 18 décembre 1886, mais cette date n’est pas respectée. L'engin, le Goubet I, est mis en chantier à Paris, le 26 septembre 1886, lancé en mars 1887 et livré le 2 novembre 1888. Ce dernier est propulsé à l'électricité. Une des caractéristiques particulières du Goubet I est un système de cardan permettant de rendre l'hélice orientable, permettant théoriquement une maniabilité excellente en plongée. En pratique le fonctionnement n’est pas à la hauteur de la théorie et ce système est abandonné sur la seconde version de l'engin.

Il s'agit de toutes façons d'un sous marin « de poche », avec seulement deux hommes d'équipage et une autonomie très limitée.

Il est testé dans la Seine au niveau du pont d’Auteuil. Cette campagne de tests se poursuit dans différents bassins des ports de guerre et de commerce, puis à Cherbourg et enfin à Toulon. A Cherbourg, il reste lesté huit heures au fond du port. Le 13 avril 1890, il effectue une démonstration dans la rade de Cherbourg évoluant pendant près de 45 minutes au fond du bassin. L'après-midi pendant près de deux heures trente, il effectue des cisaillages de câbles sous-marins, le dépôt d'une mine marine factice de 102 kg sous un radeau et le blocage d'une hélice d'un navire avec une barre de fer. Mais malgré ces résultats encourageants, prouvant notamment la maniabilité et l’habitabilité de son invention, le sous-marin trouve des détracteurs car les militaires boudent l'ingénieur civil. Finalement, l'armée choisit un concurrent, le Gymnote, puis le Narval.

En 1892, invoquant finalement des dimensions trop petites, le Ministre de la Marine décide de refuser définitivement le Goubet I. L'inventeur est cependant encouragé à présenter un nouveau sous-marin plus grand.
Bien qu'étant refusé par les services de la marine, le premier sous-marin de Goubet fait l'objet d'un article élogieux dans la revue technique parisienne « L’électricien ». Probablement, non content de ne pas avoir obtenu la même publicité, l'ingénieur russe Stefan Drzewiecki accuse son homologue français de n'avoir réalisé qu'une reproduction de son propre engin et notamment de son hélice orientable. Goubet réplique en affirmant que les similitudes entre les deux modèles se limite à la coque, soit comme il écrivait « le noyau sans l’amande… ». En effet, le sous-marin de Drzewiecki est propulsé au moyen d'un pédalier actionné par 4 hommes d'équipage, alors que le Goubet comprend un moteur électrique. Par ailleurs, le sous-marin russe ne dispose ni d'appareil de tenue automatique d'assiette ni de régulateur d’immersion. La presse se passionne pour la polémique et prit fait et cause pour Claude Goubet, qui médiatise son sous-marin alors que Drzwiecki est tenu au secret de par ses liens avec les arsenaux de la Marine impériale russe.

Dans le roman d'aventures de Paul d'Ivoi et Henri Chabrillat « les Cinq Sous de Lavarède », paru en 1894, le sous-marin de Claude Goubet figure en bonne place, même si l'auteur lui prête des performances largement au-dessus des capacités du vrai bateau.

L’inventeur lance la construction du Goubet II à Argenteuil en 1895. Ce sous-marin, plus grand et plus performant, est financé par l’inventeur lui-même. Destiné initialement au Brésil, ce nouveau sous-marin comporte de nombreuses évolutions permettant de palier aux défauts de son prédécesseur. Ainsi, ses trois ailerons longitudinaux garantissent une meilleure stabilité, le moteur électrique de 4 ch est désormais alimenté par une batterie d'accumulateurs, l'armement est constitué de deux torpilles, alors qu'un régulateur automatique d'immersion améliore la tenue de plongée. Tandis que les négociations avec les commanditaires Brésiliens échouent, le Goubet II est lancé en 1895. L'inventeur présente alors son nouvel engin à la Marine Nationale. Les nombreux essais exécutés à Toulon de novembre 1899 à 1901, parfois dans des conditions météorologiques extrêmes, révèlent les améliorations apportées au Goubet II. Une plongée de vingt minutes à vingt mètres de profondeur, ne parvint pas à convaincre la Marine Nationale du bien-fondé de la poursuite du développement de la classe « Goubet ». Prétextant, une vitesse insuffisante et une taille encore trop petite, le Goubet II subit le même verdict que son prédécesseur, il est refusé.
N'ayant bénéficié d'aucune subvention de l'Etat, l'inventeur est désormais la proie de ses créanciers. Il vend ses droits sur ses brevets et invention à la société anglaise « British Submarine Boat Company Limited ». Un fonctionnaire de la marine est envoyé en Angleterre avec mission d’examiner le contrat souscrit par Claude Goubet et de profiter de toutes les défauts qu’il peut présenter pour le rompre. Un retard de paiement est le prétexte invoqué. L’inventeur rentre en France libre de tout engagement vis-à-vis des constructeurs anglais.

Le sous-marin est transféré de Toulon à Saint-Ouen, où il est saisi, puis vendu aux enchères pour 45 000 francs le 12 septembre 1902 (M. Marie, ancien secrétaire de la chambre des huissiers s’en est porté acquéreur pour le compte d’un inconnu). Ruiné, épuisé et malade, Goubet se réfugie chez les Frères hospitaliers de Saint-Jean de Dieu, à Paris dans le 7e arrondissement, auprès desquels il décède le 15 janvier 1903. 

Tandis qu'une foule d'admirateurs se presse aux obsèques de l'inventeur, au cimetière Montparnasse, ses plus fervents défenseurs dénoncent, non sans émoi, l'injustice dont il fut victime. Ainsi, Camille Pelletan, ministre de la Marine du moment, salue la ténacité et l'enthousiasme de Goubet, précurseur de la navigation sous-marine, contre lequel se déchaînèrent les esprits routiniers, hostiles aux idées nouvelles

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