Charles Jeantaud

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Charles Jeantaud

Charles Jeantaud est né le 24 décembre 1843 à Limoges. Fils de carrossier, il débute son activité professionnelle à 16 ans en 1856 à Paris, chez Remery-Gauthier & Cie, maison reprise par Bail & Pozzy, puis par Potron.

Ensuite, de la carrosserie Pillon (Champs-Elysées), il passe à la maison Moingeard. En 1884, il reprend à son tour l'entreprise du carrossier Ehler, rue de Ponthieu.

Il s'intéresse entre-temps au secteur des véhicules automobiles dès 1880, et en 1881 il sort sa première voiture automobile électrique à 2 places, équipée de batteries Faure, la « Tilbury ». Elle est fabriquée avec l'aide de Camille Alphonse Faure (électro-chimiste), Gustave Trouvé (ingénieur concepteur d’engins électriques) et de Nicolas Raffard (ingénieur en mécanique). C’est la première voiture électrique alimentée par des batteries (ou accumulateurs). Cette machine dynamo-électrique système Gramme, du nom de l’électricien belge qui a mis au point le générateur électrique, est alimentée par une vingtaine d’éléments Fulmen. Au bout de 100 mètres, la voiture part en fumée. Loin de se décourager, il se remet à l'ouvrage et met ses compétences au service de Mortitz Immisch. Ingénieur et horloger, cet Allemand adapte ses moteurs électriques à une série de voitures.

C'est l'époque où Jeantaud élabore également une épure de direction destinée à combler les lacunes du système Ackerman, des essieux dits "tournants", grâce à un "parallélogramme de direction" possédant une géométrie particulière sur les roues directrices (la roue intérieure braquant plus que la roue extérieure). Il invente également le changement de vitesse dit « de Jeantaud-Level », et un système de suspension.

Il fonde, à Paris, la marque automobile Jeantaud en 1893. Il réalise en 1894 un phaéton biplace dont le moteur développait 4 CV à 1 300 tours minute et dont la batterie d'accumulateurs, logée dans un large coffre arrière, pesait 430 kilos. Le moteur, placé sous le châssis à l'avant, transmettait le mouvement à une couronne dentée fixée sur un axe qui engrenait des tambours (à dentures intérieures) fixés aux roues. Cette même année, le quotidien « le Petit Journal » organise une course automobile entre Paris et Rouen. Aucune des quatre voitures électriques engagées (sur 102 participants) ne figure sur le podium.

L'un de ses véhicules électriques dispute la course Paris-Bordeaux-Paris de 1895. Il conduit personnellement ce break de 6 places aux roues en bois sur près de 600 kilomètres, mais il doit abandonner à Orléans sur le retour, pour un problème d’essieu. Cette voiture de 7 chevaux embarque 38 accumulateurs Fulmen de 15 Kg chacun. L’autonomie est d’une cinquantaine de kilomètres, à la moyenne de 24 à 30 km/h, ce qui l'oblige à disposer des batteries neuves tout au long du parcours.

En juin 1898, il participe également, à Paris, à un concours de fiacres automobiles où il engage six véhicules différemment conçus. 11 des 12 concurrents sont électriques. En milieu d'année l'une de ses créations était aussi alignée lors Paris-Amsterdam-Paris, où elle devait abandonner. En milieu d’année, l’une de ses créations était aussi alignée lors du Paris-Amsterdam-Paris, où elle devait abandonner. Inventeur de fiacres, de corbillards électriques, cet inventeur génial ne manque pas d’idées. 

Le plus célèbre de ses véhicules est le modèle électrique « Duc », première automobile à établir un record de vitesse terrestre avec 63,15 km/h, le 18 décembre 1898, pilotée par le comte Gaston de Chasseloup-Laubat, dans le parc de la ville d'Achères. Cette même année, il commercialise le modèle « Milord ».
Jeantaud obtient deux records du monde de vitesse terrestre supplémentaires, le 17 janvier 1899 (avec un modèle « Duc »), et le 4 mars de la même année (cette fois avec une « Duc » dite profilée), avec le même pilote et au même endroit.

Sous la marque Jeantaud sont produits également des coupés et des cabriolets où les conducteurs sont assis en position haute et reculée. Certains modèles ont un système inhabituel de direction des roues avant en oblique. De 1902 à 1904, Jeantaud propose des véhicules à moteur à essence semblables aux Panhard de 1898. En 1903, ses véhicules électriques ont une autonomie de 120 km et une vitesse maximale de 40 km/h.

Chevalier de la légion d'Honneur, il avait été Président de la chambre syndicale de l'automobile et Président du comité républicain du commerce et de l'industrie. Son principal concurrent était la « Compagnie Parisienne des Voitures Électriques Système Kriéger » de l'ingénieur Louis Kriéger, en activité de 1897 à 1909.

Il se suicide -probablement pour raisons financières- en utilisant le monoxyde de carbone, dans son bureau professionnel du 54 rue de Ponthieu, le jeudi 29 novembre 1906 avec son poêle à charbon dont il a bouché le tuyau de dégagement de la cheminée, non sans laisser une lettre pour son épouse. Ses obsèques ont lieu en l'église Saint-Philippe du Roule. La marque automobile Jeantaud disparaît à la mort de son fondateur.

Publié dans Personnages

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